Nature Montagne Ski Serre Chevalier 18/2/10

POUR UN DEVELOPPEMENT MAITRISE

DE LA VALLEE DE SERRE-CHEVALIER

1-Economie de la vallée de Serre Chevalier

La quasi-totalité des habitants travaillant dans la vallée de Serre Chevalier tire directement ou indirectement l’essentiel de ses revenus des ressources apportées par les personnes attirées ici par la Nature, la Montagne et le Ski.

C’est donc aussi le cas du budget des communes.

On peut le regretter mais il faut se rendre à l’évidence, la disparition presque totale de l’agriculture ainsi que l’absence d’industrie ou d’artisanat exportant d’une manière significative leurs produits ou services en dehors du Briançonnais font que l’emploi dépend en effet quasi totalement de la fréquentation de la vallée par les skieurs, randonneurs, montagnards, grimpeurs, alpinistes, et autres personnes pratiquant les nombreux autres sports ( eaux vives, parapente, cyclisme, équitation,…) ou activités de loisir (bains, clubs, associations…) qu’il est possible de pratiquer ici. La plupart sont attachées à cette vallée et y passent régulièrement leurs vacances voire une partie de leur retraite dans des appartements, des maisons ou des chalets qu’ils ont achetés ou qu’ils louent, souvent depuis de nombreuses années.

Il serait abusif, et ce serait une erreur d’analyse pouvant entraîner des erreurs de stratégie de développement comme des incompréhensions ou des aigreurs contreproductives, de « traiter » ces personnes qui fréquentent la vallée comme de simples touristes alors qu’une large majorité y est fidèle depuis un grand nombre d’années, certains depuis plus d’un demi siècle ou depuis leur tendre enfance, certains étant d’ailleurs enfants ou petits enfants d’habitants permanents. Cela veut dire qu’ils y sont profondément attachés voire enracinés. Payant directement ou indirectement les impôts fonciers, taxes d’habitation et d’assainissement ainsi que les factures de consommation d’eau ils contribuent comme tous les habitants de la vallée aux ressources nécessaires des communes et du département.

C’est pourquoi dans la suite de cette note nous appellerons simplement habitants les habitants permanents ou saisonniers de la vallée.

2-Partenariat sur la stratégie de développement

Cette réalité de l’économie fait que les populations permanente et saisonnière de la vallée ont leurs intérêts très étroitement liés et que leurs relations sont par la force des choses basées sur un partenariat beaucoup plus que sur des susceptibilités pouvant résulter ça ou là de sensibilités différentes.

C’est pourquoi la conviction de NMS Serre Che est qu’il serait très dommageable aux deux types de population d’essayer de soutenir un projet de développement de la vallée qui ne serait pas basé sur un large consensus des habitants de la vallée, qu’ils soient permanents ou saisonniers. Au contraire c’est notre conviction qu’il est de leur intérêt commun bien compris de construire ensemble une vision partagée de cet avenir.

3-Une vision partagée de l’avenir : la valorisation des atouts de Serre Che

Le fait que la vie et l’emploi de la vallée soient fondés quasi exclusivement sur la seule industrie des loisirs doit faciliter cette vision partagée de l’avenir.

Il s’agit en effet simplement de rechercher ensemble comment valoriser les atouts de Serre Che qui assureront un développement durable, comment corriger les faiblesses actuelles et parer les dangers qui menacent la station.

4-Atouts et image de marque de Serre Che

Les professionnels du Tourisme de la vallée les ont très bien identifiés.

Si l’on parcourt les brochures ou documents publicitaires de l’office du Tourisme, des agences immobilières, des clubs, des gîtes ou des hôtels les mots clé qui reviennent le plus fréquemment sont les suivants :

Nature, montagne, ski décontracté, grand air, marche, remise en forme, détente, bains, bien-être, silence, randonnées, balades, ski de randonnée, hors piste, ski de fond, randonnées en raquettes, forêts de mélèzes, alpages, monde de pureté, villages traditionnels, traditions montagnardes, familles, enfants, aventure, découverte, environnement préservé, grimpe, escalade, alpinisme, via ferrata, cheval, eaux vives, raft, kayak, parapente, patrimoine culturel, soleil, lumière…

Richesse et diversité des activités, ambiance décontractée, conviviale et familiale pour les pratiquer, offre de détente et de bien-être en montagne, ensoleillement exceptionnel : il est clair que le consensus existe déjà pour identifier ces atouts .

Ils constituent l’image de marque de Serre Chevalier, qui la différencie de beaucoup d’autres grandes stations. Lisons* par exemple ce qu’un connaisseur, Jean-Michel Lepeudry, Directeur des publications Attitude SC, basées à Courchevel, écrivait il y a quelques années à ce sujet :

« Dans les années 1970, les stations dites intégrées poussaient dans les Alpes du Nord comme des champignons. Pendant ce temps, ici, dans la vallée de la Guisane, Serre Chevalier continuait son développement mesuré, dans lequel domine depuis toujours le souci de rester à dimension humaine et de ne pas vendre son âme de montagnard. Aujourd’hui, ce souci de rester raisonnable lorsque d’autres se laissaient gagner par la fièvre de l’or blanc est devenu un atout majeur. Serre Chevalier est une station à part entière, dotée d’un magnifique domaine skiable, d’un environnement montagnard exceptionnel, mais aussi d’une vallée préservée du béton et d’un petit supplément d’âme qui correspond exactement à la quête actuelle du vrai d’une part de plus en plus grande de la population. »

C’est cette image et ce précieux capital bâti au cours des 50 dernières années que NMS souhaite contribuer à préserver et faire fructifier en le léguant à nos enfants et petits enfants (nous allons en effet proposer une vision stratégique à 50 années, soit deux générations, pour orienter le développement de la vallée).

* Editorial de la publication Attitude Serre Chevalier n°1 de Décembre 2006 rebaptisée ALTUS Serre Chevalier cet hiver 2009/2010

5-Faiblesses et dangers

5-1 Le tout ski

Après la guerre l’élévation progressive du niveau de vie et l’engouement pour le ski ont entraîné un développement rapide de la station. C’est incontestablement le ski qui a très largement façonné, à la différence des vallées voisines, le développement de notre vallée. Les investissements et subventions considérables effectuées année après année par les communes et plus récemment par Briançon ont coûté très cher mais ils ont permis de réaliser une station offrant un réseau de pistes et de remontées mécaniques remarquables plaçant Serre Chevalier dans les toutes premières stations françaises.

L’accord intercommunal trouvé récemment a permis de privatiser l’exploitation de cette station en la confiant à la Compagnie des Alpes qui a pris le relais des investissements et doit gérer la station de ski sans plus faire appel au budget des communes.

Nous pensons cependant que plusieurs dangers existent si l’on faisait l’erreur de poursuivre la stratégie « Tout ski » de certaines stations dites intégrées :

a) par définition le ski est une activité saisonnière qui apporte une activité certes très importante mais pendant quelques mois de l’année seulement. En outre le nombre moyen de mois de l’année donnant un enneigement naturel favorable semble avoir diminué en moyenne dans les récentes décennies (malgré la forte variabilité d’une année sur l’autre). La multiplication coûteuse (et bruyante) des canons à neige (il y en a 525 aujourd’hui !) et des pompages d’eau ne peuvent complètement compenser cette tendance.

b) l’air du temps est que la pratique du ski à outrance, et rien d’autre, passe de mode chez les jeunes comme chez les moins jeunes. La tendance actuelle, que nous pensons être une tendance lourde, est que la recherche de la détente, du bien-être et de la qualité de l’environnement est un élément important davantage pris en compte par les nouvelles générations . Le même phénomène est observé dans beaucoup de stations : beaucoup de monde en bas qui complète la pratique du ski par d’autres activités et moins de monde sur les pistes. Les stations usines à ski construites au milieu de nulle part ont beaucoup de souci à se faire pour leur avenir.

c) le budget séjour de ski pour une famille est devenu extrêmement lourd (transport, matériel, forfaits, logement..) et il y a beaucoup d’offres de loisirs par ailleurs. Sauf à viser une clientèle d’oligarques, ce qui serait une erreur de « casting » tragique, ce constat ne favorise plus les grandes stations chères ni même le ski de piste tout court.

d) si de nouvelles difficultés financières survenaient dans l’exploitation de la station de ski la Compagnie des Alpes pourraient se tourner vers les communes pour tendre la sébile et grever à nouveau lourdement leur budget d’investissement sous peine d’étouffer la poule aux œufs d’or.

e) Le développement intensif du ski a entraîné une urbanisation effrénée de la vallée en l’amenant au bord de l’apoplexie pendant les périodes de pointe et en défigurant certains lieux. Une poursuite de ce bétonnage conduirait à la même catastrophe que le bétonnage de la Costa Brava en Espagne pour ne citer qu’un exemple, avec le risque d’une bulle immobilière à la clé.

Nous savons que la plupart des élus et des responsables de l’Office intercommunal du Tourisme ou de la Compagnie des Alpes ont conscience de ces risques. C’est notamment certainement avec ce souci que la commune du Monêtier a réalisé l’opération des Grands Bains qu’il faut saluer tout en s’inscrivant bien dans une très ancienne tradition.

5-2 L’urbanisation galopante

Le ski mais aussi les nombreux atouts de la station en hiver comme en été conduisent à la construction d’immeubles et de chalets à un rythme actuel qui n’est pas soutenable.

Un calcul très simple le démontre :

- si le taux moyen annuel d’accroissement de la surface des terrains construits dans la vallée (trois communes) dans les cinquante prochaines années est de 1%, cette surface sera multipliée par 1,64 en deux générations (50 années)

- si ce taux est de 2% elle sera multipliée par 2,69

- si ce taux est de 3% elle sera multipliée par 4,38

- si ce taux est de 4% elle sera multipliée par 7,10

On voit donc que si on atteint seulement 2% de rythme moyen annuel (soit 12,6% sur la durée de 6 années d’un mandat municipal) on est déjà en face d’une situation catastrophique : la conurbation est pratiquement réalisée entre Briançon (Chantoiseau) et Le Casset. Au delà de 2% la situation devient explosive et cette conurbation surviendrait beaucoup plus vite.

Par exemple avec un taux de 3% elle surviendrait en une trentaine d’années environ.

Il est clair que ces taux d’accroissement qui semblent anodins sur la durée d’un PLU ou d’un mandat municipal sont insoutenables sur une durée d’une ou deux générations, c’est-à-dire quand nos enfants ou nos petits enfants auront nos âges. C’est pourquoi il est indispensable de se situer dans une période longue de cet ordre pour bien apprécier les politiques d’urbanisation et pour réguler avec la plus grande prudence le rythme des constructions nouvelles.

Qu’en a-t-il été en réalité dans les années passées ? NMS Serre Che a examiné en détail les photos aériennes de la vallée datant de Juillet 1989 . Il apparaît clairement que la surface des terrains construits autour des 13 villages des 3 communes a été multiplié par un facteur voisin de 6 entre la situation qui prévalait au début des années 1950, qui était alors pour l’essentiel celle des villages traditionnels d’avant guerre, et celle de 1989.

On notera que ce facteur moyen global de 6 pour la vallée est à peu près le même pour Chantemerle, Saint Chaffrey, le Monêtier, les Guibertes (certes avec des densités de construction très différentes, la plus forte étant celle de Chantemerle). Villeneuve-la-Salle détient le record avec un facteur explosif supérieur à 10 (mais il est vrai que le village ancien était très linéaire le long de la route ancienne et donc de faible surface). Les Pananches, La Salle, le Serre, le Freissinet, Villar Laté ont eu des facteurs de croissance moins explosifs mais allant quand même de 2 à 5. Seuls les villages traditionnels du Bez et du Casset ont été préservés.

Ce facteur 6 correspond à une croissance moyenne de la surface des terrains construits sur les 40 années de la période considérée 1950-1989 de 4,6% par an .

NMS Serre Che évaluera le taux moyen de progression réalisé au cours de la période plus récente 1989- 2009 dès que la nouvelle couverture aérienne du département sera disponible (prévision de l’IGN : début 2011).

On espère constater qu’il y a eu un fort infléchissement après le rythme très élevé de construction de la station pendant la première période ci-dessus. Mais convergera-t-il sur le taux moyen annuel de croissance maîtrisée proche de 1%, seul soutenable du point de vue de NMS ?

NMS Serre Che se propose de visualiser cette progression (à l’aide de photographies aériennes et éventuellement satellites) de la vallée prises au cours des décennies précédentes et de visualiser deux ou trois scenarii de croissance dans les prochaines décennies puis d’organiser dès que tous ces éléments seront disponibles un ou des débats publics pour rechercher avec les élus et les habitants de la vallée un scenario raisonnable, accepté par une majorité d’habitants (des sondages seront probablement utiles) d’accroissement moyen des surfaces de terrains construits préservant l’âme montagnarde de la vallée, ses espaces naturels et ses atouts spécifiques.

La poursuite d’une urbanisation rapide serait en effet totalement antinomique avec la valorisation des atouts de la vallée décrits plus haut. Au contraire elle dilapiderait le précieux capital de la station, son image montagnarde et humaine, riche en espaces naturels, en dévaluant d’année en année ses atouts .

Comment en effet prétendre à la détente et au bien-être en ayant fui le stress des villes pour retrouver dans la vallée une conurbation qui s’étendrait de Briançon au Lauzet, une route à quatre voies (la RD 1091, ex RN91, est déjà proche aujourd’hui de la saturation aux périodes de pointe), un transport en site propre (certains le proposent déjà !), les services logistiques associés (captation d’eau, traitement des eaux, incinération d’ordures..) qu’il faudrait accroître. Comme la vallée n’est pas inextensible de nouvelles et irrésistibles pressions s’exerceraient pour construire à nouveau en hauteur.

Cette urbanisation n’est pas une nouvelle vision imaginaire de la montagne à la Samivel mais c’est bien la réalité qui s’est mise en marche sous nos yeux depuis les années 50 et qu’il nous faut maîtriser si nous ne voulons pas léguer à nos petits enfants une vallée méconnaissable, ayant perdu l’essentiel de ses atouts, de son image, de ses repères et de son âme.

5-3 Des POS et des COS non respectés

Cette urbanisation galopante est aggravée par le fait notoire que les Plans d’Occupations des Sol et les Coefficients d’Occupation des Sols sont assez fréquemment transgressés.

Ce manque de rigueur dans la surveillance et l’exigence du respect de ces documents fondamentaux de régulation est grave. Il vide de leur signification les POS et PLU ainsi que les permis de construire. Il bafoue l’autorité des Maires et des responsables de l’urbanisme. Il crée des situations d’injustice et d’inéquité. Il incite les gens à ne pas respecter les COS qui ne seraient plus qu’indicatifs. Si la situation actuelle n’était pas redressée elle laisserait se développer l’anarchie, ainsi qu’une ambiance délétère dans laquelle tous les soupçons seraient permis.

C’est pourquoi NMS Serre Che se réserve dans les cas les plus scandaleux (des dépassements de 50% existent dans la vallée) à se porter Partie Civile devant les Tribunaux Administratifs compétents afin de faire en sorte que la Loi et les règles d’urbanisme soient plus strictement respectées dans notre belle vallée.

6- Réflexions sur l’emploi dans la vallée

La grande objection de certains habitants de la vallée dont la plupart sont sensibles aux considérations ci-dessus, est : « oui, mais si l’on freine la construction dans la vallée on va freiner l’emploi ». Ce sujet extrêmement important mérite une étude approfondie. A ce stade nous ferons les remarques suivantes fondées sur trois constats :

- premier constat : depuis des décennies les artisans et entrepreneurs de la vallée ont beaucoup de mal à assurer la maintenance de l’important patrimoine immobilier existant ainsi qu’à construire ou agrandir des chalets ou rénover de l’habitat ancien. Qui trouve facilement des charpentiers, couvreurs, menuisiers, maçons, électriciens… disponibles et capables de respecter les délais convenus pour effectuer les travaux souhaités ? La quasi totalité est manifestement débordée et a beaucoup de mal à trouver des compagnons qualifiés.

- deuxième constat : ces mêmes artisans et entrepreneurs locaux n’ont pour la plupart pas la taille suffisante (ce qui est d’ailleurs normal) pour assumer de gros chantiers.

- Troisième constat : il est nécessaire pour certaines entreprises de construction du Briançonnais de faire venir de la main d’œuvre d’Europe Centrale pour assurer les capacités nécessaires que le bassin d’emploi local ne peut pas fournir

Ces constatations, que nous pouvons tous vérifier, conduisent donc à penser qu’il n’est pas évident que la poursuite des constructions au rythme actuel conduise à une augmentation significative de l’emploi local dans la décennie à venir, pas davantage qu’un infléchissement de ce rythme à une réduction. Elle crée surtout des déséquilibres croissants qui conduisent dans ce domaine aussi NMS à recommander un développement prudent et maîtrisé, sans à coups, plutôt qu’une croissance effrénée beaucoup plus exposée aux aléas de la conjoncture économique et aux risques de bulle immobilière.

Malgré cette urbanisation galopante qui multiplie les logements, vides la plupart du temps, il est choquant de constater a contrario que les jeunes qui souhaitent rester ou s’installer dans la vallée ne trouvent pas ou très difficilement des logements disponibles à l’année et à des prix abordables.

7- Un projet de développement maîtrisé de la vallée

NMS Serre Che propose, sur la base des considérations précédentes, aux habitants, aux élus et aux futurs candidats aux élections municipales ainsi qu’aux représentants concernés de l’Etat, de débattre puis de tirer les conclusions concrètes applicables aux prochains PLU, dans le cadre des consultations qui seront ouvertes à cette occasion, d’un projet de développement stratégique maîtrisé de la vallée.

NMS Serre Che soumet à ce débat le projet de développement maîtrisé suivant :

7-1 Vision stratégique

- Construire un large consensus sur l’objectif de valoriser les atouts de Serre Chevalier en encourageant et soutenant la richesse et la diversité des activités, en confortant l’ambiance et l’image d’une station montagnarde, décontractée, conviviale et familiale orientée vers la détente, le bien être et la qualité de l’environnement, en préservant au mieux les espaces naturels, en encourageant et soutenant les jeunes qui souhaitent rester ou venir s’installer dans la vallée ainsi qu’en encourageant et soutenant l’activité agricole qu’il est raisonnablement possible de poursuivre.

- Prendre conscience que les terrains agricoles ou naturels en fond de vallée sont devenus une ressource rare, voire épuisée comme dans le cas de la Commune de La Salle. En tirer les conséquences en attribuant avec une grande parcimonie et prudence les permis de construire sur de nouvelles parcelles dans le cadre d’une vision stratégique à long terme (nous proposons deux générations soit 50 années), cette vision devant être explicitée dans les PLU successifs. (C’est d’ailleurs précisément le but poursuivi par l’Etat en remplaçant les POS par les PLU).

- Lutter sans faiblesse contre tout ce qui porte atteinte à cette stratégie et dégrade l’image de la station

7-2 Mesures concrètes à court terme

Pour que ces idées ne restent pas des vœux pieux NMS Serre Che propose aux élus de commencer à appliquer cette stratégie en prenant les 6 mesures concrètes suivantes :

1- Préserver l’identité des villages et hameaux en maintenant une aire naturelle de respiration strictement non constructible empêchant la conurbation. Cette disposition est particulièrement urgente pour les villages de Chantemerle, Villar Laté, Les Pananches, La Salle, Villeneuve, le Bez, Le Serre et le Freissinet car leurs situations deviennent critiques.

2- Définir dans chaque commune l’objectif de la surface des parcelles ou zones à urbaniser (ZAU) sur la durée de 50 ans, soit un pourcentage objectif d’accroissement défini comme le ratio « surface totale des parcelles actuellement construites plus ZAU sur la période » divisée par la « surface des parcelles actuellement construites ». Cet objectif serait inscrit clairement dans la vision stratégique que l’Etat demande aux Communes d’expliciter dans les PLU.

Cet accroissement sera bien évidemment fonction notamment du patrimoine foncier de chaque commune. Il doit résulter d’une réflexion et d’une étude approfondie portant sur cette longue période et résultant d’une vision stratégique partagée d’un développement soutenable de la vallée préservant son âme montagnarde.

Par exemple la commune la plus petite, La Salle les Alpes, et qui ne dispose pratiquement plus de terrains raisonnablement à bâtir, devrait selon nous prendre des mesures draconiennes pour préserver les quelques espaces naturels qui lui restent (en fond de vallée) et ne plus autoriser de constructions sur de nouveaux terrains. Les constructions nouvelles devraient dans ce cas se limiter à une densification des villages et terrains déjà construits, par renouvellement de l’existant, tout en respectant les limites de hauteur et autres contraintes architecturales actuellement bien prescrites dans les PLU.

A contrario la commune de Monêtier les Bains, qui dispose d’un vaste patrimoine foncier, pourrait se fixer un objectif d’accroissement de l’ordre de 30 à 45% sur la période (soit une augmentation très substantielle de la taille des villages et de la surface des terrains construits). Si le consensus se construisait pour définir un développement mesuré avec un objectif n’excédant pas 45% sur la période cela imposerait pour les 8 prochains PLU (en supposant, ce qui n’est pas théoriquement obligatoire, que la durée de chaque PLU soit égale à celle d’un mandat municipal soit une durée totale de 8 X6 = 48 années) de limiter la croissance de la surface des terrains construits à environ 4,5 % par mandat municipal. On a vu plus haut la très forte sensibilité du résultat au bout de deux générations en cas d’un faible dérapage de ce pourcentage par mandat.

La commune de Saint-Chaffrey se trouve dans une situation intermédiaire avec le village de Chantemerle, extrêmement construit car à proximité directe des pistes, dont on voit mal une extension significative au risque d’absorber Les Pananches et Villar-Laté, et le village de Saint-Chaffrey lui-même qui a su préserver dans une certaine mesure son unité et son caractère traditionnel.

Le taux moyen annuel d’accroissement des terrains construits arrêté par chaque Mairie pour la durée de leur mandat municipal régulant la délivrance des permis de construire serait explicité dans les PLU (taux moyen de l’année n à n+6). Cela aurait en outre le mérite de la clarté et de la transparence.

Dans le cadre de cette politique de régulation prudente et maîtrisée de permis de construire sur de nouvelles parcelles cadastrales NMS demande de ne pas renouveler des opérations immobilières lourdes telles que le Club Méditerranée au Bez ou Arts et Vie (ex Club Med) au Monêtier qui introduisent des déséquilibres importants avec les villages traditionnels, affectent beaucoup les paysages même si des efforts architecturaux importants en réduction d’impact sur le paysage sont faits (efforts méritoires que l’on doit saluer pour la construction du Club Med du Bez) , et éventuellement exposés à des crises financières (souvenons-nous de la fermeture du village du Club Med au Monêtier).

3- Faire respecter les POS et les COS en prenant les dispositions suivantes :

- clarifier et régulariser les dépassements marginaux éventuels des surfaces construites autorisées pour permettre une extension très limitée (adjonction d’un sas d’entrée ou d’un local technique de stockage ou de chaufferie…) qu’il conviendrait de préciser sur une base dérogatoire à condition qu’elle soit déclarée dans une demande de dérogation. Les Mairies adresseraient aux Titulaires de permis de construire datant de moins de dix années l’invitation à leur adresser de telles déclarations..

- Faire déconstruire dans des délais rapides les dépassements importants ainsi que les dépassements non déclarés constatés par des enquêtes administratives.

4- Infléchir la destination du budget d’investissement pour rééquilibrer les dépenses entre les grands équipements collectifs qui ont été favorisés jusqu’ici et la qualité de vie des villages et hameaux qui a été quelque peu délaissée dans les années passées (on citera comme exemples l’écoulement des eaux pluviales, l’entretien et l’améliorations des rues, ruelles et places, la poursuite de la restauration des fontaines , lavoirs, fours à pain, chapelles, la réalisation de parkings discrets et planté, l’amélioration du déneigement, la réalisation de sentiers reliant les villages entre eux…). Dans les classements internationaux des grandes stations le manque d’attractivité actuel de la plupart des villages de la vallée est un handicap incontestable. Viser le label « villages de charme » valoriserait considérablement les atouts de Serre Chevalier et son classement international.

5- Lutter contre le bruit et l’enlaidissement :

Le silence est un élément très important de la qualité de l’environnement, tout particulièrement en montagne. C’est ce souci qui a conduit dans les années 60 à la fermeture de la piste d’aviation de Villeneuve qui créait d’importantes nuisances sonores dans la vallée et en montagne. NMS demande :

- la fermeture du Karting de Villeneuve (voir dossier séparé sur le bruit)

- la maîtrise du bruit des sports mécaniques qui trouvent difficilement leur place dans la vallée.

- la maîtrise de la circulation automobile sur les chemins non goudronnés. En particulier NMS demande, à l’exception de la route existante du col du Granon, qu’aucune nouvelle route goudronnée ne soit construite sur les flancs de la vallée.

- des efforts de réduction du bruit de la route RD 1091 suivant des dispositions à étudier (enrobés phoniques, merlons boisés…)

Au titre de la lutte contre l’enlaidissement NMS demande :

- l’enlèvement des panneaux publicitaires sauvages qui défigurent le paysage le long de la RD 1091

- l’arrêt de constructions d’installations publiques sans souci de leur impact et de leur intégration dans le paysage ou dans les villages (installations électriques d’EdF, décharges, stockage de graviers, réalisation de zones commerçantes et artisanales que personne n’oblige à construire laides, parkings…). Des mesures raisonnables en réduction d’impact sur l’existant doivent être étudiées et réalisées (plantations ou rideaux d’arbres, soin apporté aux abords, aux traitement des couleurs et des lumières..). L’aménagement récent de Pré Long à Villeneuve montre bien à ce titre la bonne direction à suivre ainsi que le gain substantiel en qualité de vie (parkings, cheminement piétonnier, esthétique) obtenu avec un investissement limité.

6-Accroître l’effort pour faciliter l’installation des jeunes dans la vallée en construisant des logements à des loyers abordables qui leur seraient destinés. Cet effort pourrait éventuellement se faire dans un cadre intercommunal.

7-3 Mesure concrète à moyen/long terme

Au-delà des 6 mesures à court terme proposées, la préservation des zones naturelles, qui constituent un des atouts très importants de la vallée mérite l’engagement d’une réflexion approfondie.

Dans le cadre de la vision stratégique à long terme du développement de la vallée cette préservation des zones naturelles nécessite à notre sens mieux qu’une série d’interdictions. NMS pense que le moment vient de la nécessité de mettre en place une véritable gestion active de ces vastes zones naturelles qui pose des problèmes (pollution des eaux par les troupeaux, protection des prairies, protection du silence, politique de gestion des forêts, développement et entretien des sentiers, protection de la flore et de la faune, régulation de la chasse…).

C’est pourquoi NMS propose de lancer les réflexions et études d’un Parc Naturel de la Guisane, à l’initiative et sous le contrôle des communes (il serait Intercommunal). Ce Parc Naturel de la Guisane serait, comme actuellement dans le POS, totalement non constructible. Il serait géré par un organisme intercommunal chargé de mettre en œuvre les politiques arrêtées par les 3 communes dans le cadre d’une Charte du Parc.

Il incorporerait les zones naturelles et les terrains communaux non compris dans les zones à urbaniser ou non destinés à des équipements collectifs ainsi que certaines zones agricoles. L’avenir des zones agricoles privées, actuellement non constructibles, devrait être en effet étudié et progressivement précisé. Bien évidemment la poursuite d’activités agricoles sera encouragée voire soutenue.

Une attention toute particulière serait portée aux sites sensibles que le Parc englobera notamment :

o les iscles (ou touches), site naturel des rives de la Guisane fragile mais plein de charme qu’il faut absolument protéger du bétonnage et du mitage par des constructions ou des décharges plus ou moins licites).

o Les Puy et autres hameaux d’alpages

8- Conclusion

C’est la conviction de NMS Serre Che que l’ensemble de ces mesures relativement peu coûteuses valoriserait considérablement les atouts et l’image de la station. Cela démontrerait que les élus déjà très conscients de ces problèmes et qui ont pris un certain nombre de mesures dans ce sens, soutenus par un large consensus de la population, ont décidé de placer Serre Chevalier à la tête des grandes stations qui ont su prendre le virage de ce XXI ième siècle et assurer ainsi leur avenir dans le cadre d’un projet de développement maîtrisé et soutenable de la vallée.

Cette démarche offrirait d’après nous la meilleure garantie d’offrir le développement régulier d’emplois durables. Elle incarnerait bien les vertus de prudence et de mesure généralement reconnues aux Dauphinois et aux montagnards.

NMS met à la disposition de tous ses Forums pour en débattre.

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